av Agnes Strickland
276,-
Parmi les illustres captifs condamnés à orner le triomphe que Rome avait décerné à son général victorieux Paulinius, après la défaite des Bretons et de leur reine Boadice, se trouvait le vaillant prince Aldogern et sa jeune fille Alda.Aldogern était proche parent de l'infortunée Boadice, et tenait un rang élevé dans la désastreuse bataille où, pour des siècles de douleur, la lumière de la liberté s'était éteinte dans le sang de ses malheureux compatriotes. Il avait fait en vain des prodiges de valeur; et c'était seulement après avoir vu ses cinq fils tués à ses côtés que lui-même avait été vaincu et fait prisonnier, pendant qu'il défendait le char sur lequel son enfant dernière et bien-aimée, la jeune Alda, était avec ses femmes esclaves, selon la coutume des bretons, qui, dans leurs campagnes, encombraient la marche des membres inutiles de leur famille.Ni les cruelles souffrances de son corps ni les angoisses de son âme ne purent dispenser le malheureux général de la plus vive, de la plus amère de toutes ses douleurs, celle de se voir traîné dans les rues de Rome avec sa fille désolée, pour orner le triomphe de l'orgueilleux vainqueur.La foule, insensible et légère, jouissait de ce spectacle, applaudissant bruyamment, et se pressait avec une avide curiosité pour contempler les sombres et silencieux barbares, ainsi qu'ils appelaient le majestueux chef breton et sa blonde fille. L'air retentissait de leurs acclamations, ils suspendaient des guirlandes sur les autels et aux portiques de tous les temples de la ville, et terminèrent leur journée dans les festins, les excès et l'ivresse, sans égard pour les angoisses qui oppressaient le coeur des malheureux étrangers, dont la présence avait formé une partie si attrayante des pompes du triomphe.