av Charles Bigot
336,-
" Je me souviens comme si c¿était hier de l¿exposition des ¿uvres d¿Eugène Delacroix qui suivit la mort du grand artiste . C¿était dans un local du boulevard des Italiens, divisé en trois salles, où avaient lieu sou- vent alors les expositions artistiques, et qui, par les vicissitudes des choses d¿ici-bas, est, si je ne me trompe, devenu aujourd¿hui, en se trans- formant, le théâtre des Nouveautés. Ce qui m¿est resté net et précis, c¿est l¿impression ressentie. Nous étions alors, au quartier latin, une jeunesse nombreuse, enthousiaste, amoureuse des choses de l¿esprit, passionnée pour trois choses: la littérature, l¿art, la liberté, toute pleine de fières ambitions et d¿espérances aux ailes grandes ouvertes, résolue à faire de nobles choses quand son heure serait venue, une jeunesse jeune, comme l¿est encore, je l¿espère bien et quoi qüon dise, la jeunesse. Tous à peu près nous étions des romantiques. Nous admirions cette génération vaillante de 1830 qui avait rajeuni tant de choses, livré de si belles ba- tailles, donné de si glorieux assauts, planté enfin son drapeau sur la place conquise."