av Louis De Lomenie
500,-
" Quel que soit le rang qüon assigne au roman dans la hiérarchie des productions de l¿esprit humain, il faut bien reconnaître que depuis que cet aliment intellectuel est entré dans nos habitudes, nul autre ne fut jamais d¿un usage aussi général. Durant tout le moyen âge, lorsque les hommes, vivant par petits groupes isolés, n¿ont entre eux que des communications orales et ne se réunissent en grand nombre qüà de rares intervalles, sous l¿influence du sentiment religieux, leur intelligence, en dehors des préoccupations religieuses, se nourrit presque exclusivement de fictions romanesques récitées de bourgade en bourgade, de château en château, par les troubadours et les trouvères. Plus tard, l¿invention de l¿imprimerie s¿applique tout d¿abord à la multiplication sans fin des romans. Plus tard encore, à mesure que la société s¿éclaire et se transforme, à mesure que les chefs-d¿¿uvre apparaissent dans toutes les autres parties de la littérature, le roman se transforme de son côté, se diversifie, se perfectionne, et captive les esprits raffinés du XVIIe et du XVIIIe siècle, comme il charmait jadis les rudes générations du moyen âge. De nos jours enfin, où la vie réelle est si remplie de labeurs, d¿entreprises, de sollicitudes pour les uns et de distractions pour les autres, le roman, loin de perdre son prestige, est plus que jamais en possession de la popularité. "