av Plutarque
180,-
" ...C'est un fait tenu pour constant que, du côté paternel, Alexandre descendait d'Hercule par Caranus, et que, du côté de sa mère, il se rattachait aux Éacides, par Néoptolème1. On dit que Philippe, étant à Samothrace, tout jeune encore, y fut initié aux mystères avec Olympias, qui n'était guère non plus qu'une enfant, et orpheline de père et de mère. Il en devint amoureux, fit agréer sa poursuite à Arymbas, frère de la jeune fille, et l'obtint en mariage. La nuit qui précéda celle où les époux furent enfermés dans la chambre nuptiale, Olympias eut un songe. Il lui sembla qu'elle avait entendu un coup de tonnerre, et que la foudre l'avait frappée dans les entrailles : à ce coup, un grand feu s'était allumé, qui, après s'être brisé en plusieurs traits de flamme jaillissant çà et là, s'était bientôt dissipé. Philippe, de son côté, quelque temps après son mariage, songea qu'il marquait d'un sceau le ventre de sa femme, et que le sceau portait l'empreinte d'un lion. Le sens de ce songe, au dire des devins, c'est que Philippe devait prendre gard;e de fort près à sa femme ; mais Aristandre de Telmissus, l'un d'eux, affirma qu'il marquait la grossesse de la reine : « On ne scelle point, dit-il, les vaisseaux vides ; et Olympias porte dans son sein un fils qui aura un courage de lion. » On vit aussi, pendant qu'Olympias dormait, un dragon étendu à ses côtés ; et ce fut là, dit-on, le principal motif qui refroidit l'amour de Philippe et les témoignages de sa tendresse : il n'alla plus si souvent passer la nuit avec elle, soit qu'il craignît de sa part quelques maléfices ou quelques charmes magiques, soit que par respect il s'éloignât de sa couche, qu'il croyait occupée par un être divin..."