av Stanislas Julien
806,-
En traduisant le roman des Deux jeunes filles lettrées, je me suis proposé un double but, savoir: de faire connaître, pour la première fois en Europe, un ouvrage qui offre une peinture fidèle, animée et souvent piquante, des goûts et des habitudes littéraires des chinois, et de donner, aux étudiants qui voudront lire l¿ouvrage dans la langue originale, l¿intelligence du style moderne le plus relevé, le plus brillant et aussi le plus difficile, et qüil leur serait impossible de comprendre complètement, à l¿aide des dictionnaires et des ouvrages philologiques publiés jusqüà ce jour.Les Chinois, on le sait, ont devancé les Européens dans plusieurs inventions qui ont changé la face du monde. Sans parler de la boussole, qüils possèdent et emploient aux mêmes usages que nous depuis trente siècles, de la poudre de guerre que les Arabes leur ont empruntée et qüils nous ont transmise, je dirai que, dès l¿an 593 de cotre ère, ils ont p.II commencé à répandre, par la gravure sur bois, les chefs-d¿¿uvre de la peinture, du dessin et de la littérature (invention que jusqüici l¿on n¿avait reconnue en Chine que cinq cents ans plus tard)1. J¿ai publié dans les Comptes rendus de l¿Académie des sciences (tom. 24, pag. 1002), et ensuite dans le Journal asiatique de Paris (en 1847), un petit Mémoire, duquel il résulte que les Chinois ont commencé à imprimer en l¿an là, une diffusion rapide et immense des connaissances littéraires dans cet empire du milieu, où elles sont un moyen infaillible d¿arriver à la fortune, à la renommée et aux plus hautes charges de l¿État.