Om Les Femmes Fortes du Père Pierre Le Moyne
Pierre Le Moyne croit à l'égalité intellectuelle des sexes: par exemple, dans la Gallerie des Femmes Fortes, IIe volume, 5e nouvelle majeure des Fortes Romaines, Pauline, [femme de Sénèque] à la Question Morale: Si les Femmes sont capables de la vraye Philosophie p. 43-44. Pierre Le Moyne affirme que ... les Femmes peuvent partager avec nous la possession des Sciences. La Nature n'a pas eu dessein de les en exclure... On sçait aussi que depuis le temps des Muses, qui ont esté Sçavantes érigées en Déesses; il n'a point esté de Siecle qui n'ait eu un bon nombre de Femmes tres-capables. Tiraqueau nous a laissé une longue liste des Anciennes & des Modernes, dont il avait trouvé la reputation déjà faite: & autant de noms qu'il a recueillis en cette liste, sont autant de preuves efficaces et concluantes, pour la capacité que les Femmes ont aux Sciences. Nous avons comparé le féminisme chez Pierre Le Moyne et chez Pierre Corneille dans Polyeucte et dans Théodore Vierge et Martyre. Le droit féminin de l'épouse unique dans le cadre de la sacralité de l'amour conjugal est similaire chez les deux auteurs. Nous avons démontré que le suicide féminin qui se trouve chez les Fortes Barbares et les Fortes Romaines de la Gallerie des Femmes Fortes de Pierre Le Moyne se trouve aussi bien dans la Théodore de Pierre Corneille chez Marcelle. À travers toute la Gallerie c'est la fidélité des femmes qui prévaut jusqu'à la mort. Et les personnages féminins de Corneille, que ce soit la Chimène du Cid ou la Pauline du Polyeucte reflètent la même fidélité au prix de grands sacrifices. Le problème majeur que pose l'héroïsme féministe historique chez Pierre Le Moyne est celui de la bienséance, au sens de la convenance, face au double conflit de la mort volontaire et de la métempshychose qui s'opposent aux doctrines du christianisme. Cependant, le problème soulevé par la métempsychose et la mort volontaire ne relève pas de la foi catholique, mais c'est un mode de pensée que l'histoire païenne a perpétué. Le Père Pierre Le Moyne, parfaitement conscient du conflit, ne se dresse point en critique subjectif de ces questions conflictuelles en termes dogmatiques. S'il raconte les vies de femmes où ces questions de la mort volontaire et de la métempsychose sont intervenues, ce n'est pas pour en établir un dogme hérétique, mais c'est en tant qu'historien qu'il raconte. En tant qu'homme de lettre confiant, franc et sérieux, il se sert de l'histoire pour mettre en évidence le courage et la vertu des femmes héroïques, sans essayer de les embellir ni de contourner la vérité propre aux circonstances que chacune d'entre elles a vécues.
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