Om Des principes de la révolution française et du gouvernement représentatif
" ... Je suis né avec la révolution française. Dès que mes yeux se sont ouverts, j'ai vu flotter son drapeau, tour à tour sombre et glorieux. J'ai appris, à lire dans ses chansons : ses fêtes ont été celles de mon enfance. À dix ans, je savais les noms de ses héros. J'entends encore au Champ de Mars et, sur la place Vendôme les éloges funèbres de Marceau, de Hoche, de Kléber, de Desaix. J'assiste aux revues du premier-consul. Je vois ce grand visage pâle et mélancolique, si différent de la figure impériale, telle surtout, qu'elle m'apparut une dernière fois sur la terrasse de l'Élysée, à la fin des cent-jours. Mon instinct patriotique ne s'est pas laissé un moment surprendre à l'éclat d'une dictature militaire que je ne comprenais pas. Je n'ai compris, je n'ai aimé que les conquêtes de la liberté. En 1812, j'étais déjà suspect dans l'Université d'un attachement, mal dissimulé à sa cause proscrite, et j'y suis demeuré fidèle parmi les vicissitudes d'une vie souvent orageuse. Je m'honore d'avoir été dans tous mes ouvrages, depuis le premier jusqu'au dernier, dans la chaire comme à la tribune, son interprète, modéré, mais inébranlable. Ma philosophie même n'a guère été que la réflexion appliquée à ses instincts et le résumé de ses maximes..."
Visa mer