Om Fragment d'histoire future
“ L’apogée de la prospérité humaine, dans le sens superficiel et frivole du mot, semblait atteint. Depuis cinquante ans, l’établissement définitif de la grande fédération asiatico-américano-européenne et sa domination incontestée sur ce qui restait encore, çà et là, en Océanie ou dans l’Afrique Centrale, de barbarie inassimilable, avait habitué tous les peuples, convertis en province, aux délices d’une paix uni-verselle et désormais imperturbable. Il n’avait pas fallu moins de cent cinquante ans de guerres pour aboutir à ce dénouement merveilleux. Mais toutes ces horreurs étaient oubliées ; et tant de batailles effroyables entre des armées de trois et quatre millions d’hommes, entre des trains de wagons cuirassés, lancés à toute vapeur et faisant feu de toutes parts les uns contre les autres, entre des escadres sous-marines qui se foudroyaient électriquement, entre des flottes de ballons blindés, harponnés, crevés par des torpilles aériennes, précipités des nues avec des milliers de parachutes brusquement ouverts qui se mitraillaient encore en tombant ensemble ; de tout ce délire belliqueux, il ne restait plus qu’un poétique et confus souvenir. L’oubli est le commencement du bonheur, comme la crainte est le commencement de la sagesse... ” G. T.
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