Om L'épouvante
M. Ledoux, sur la première marche du perron lui faisait au revoir de la main. Derrière lui, le corridor tendu d'andrinople, éclairé par une lampe de plafond, découpait dans la nuit une tache rose. Du petit jardin endormi, de la maisonnette aux volets clos, de l'intérieur confortable et bourgeois trahi par ce rectangle de lumière, se dégageait un calme de petite ville, un calme lointain, familial. Et Onésime Coche, en qui dix années d'existence à Paris n'avaient pu effacer complètement les impressions des jours passés au fond d'une province, le souvenir des longues soirées d'hiver, des rues silencieuses où l'on entend par les soirs de printemps, lorsque le bois travaille, craquer les auvents des maisons et les poutres des toits, demeura un instant immobile devant cette porte qui se refermait. Sans savoir pourquoi, il évoqua «ses vieux», depuis longtemps assoupis à cette heure, la bonne maison d'autrefois, la petite patrie absente, et la vie simple et facile qu'aurait pu être la sienne, si quelque démon ne l'avait attiré vers l'immense Paris, où, débarqué en conquérant il avait dû, n'ayant jamais connu la chance, se contenter d'une place de reporter dans un quotidien du matin.
Il alluma une cigarette, et, sans hâte, reprit son chemin.
Visa mer